LA DOT EST INTERDITE !

Interdite en Côte d’Ivoire par la loi comme le stipule l’article 20 de la loi N° 64-381 du 7 octobre 1964 sur le mariage, « l’institution de la dot, qui consiste dans le versement au profit de la personne ayant autorité sur la future épouse, par le futur époux ou la personne ayant autorité sur lui, d’avantages matériels conditionnant la réalisation du mariage traditionnel, est immédiatement abolie ». La dot, il est important de le préciser, est le mariage traditionnel africain. Elle unit des familles par le biais de deux de leurs membres ayant consenti à vivre ensemble dans un foyer. En Côte d’Ivoire c’est l’homme qui entreprend les démarches pour aller demander la main d’une femme (ce qui n’est pas forcément le cas sous d’autres cieux), il est ainsi appelé à satisfaire les demandes de la famille dans laquelle il souhaite prendre sa bienaimée. Jusque-là il n’y a pas de problème ; le hic survient quand certaines familles demandent des sommes astronomiques, une quantité incommensurable de pagnes et de boissons à un point tel qu’on croirait que la femme est vendue aux enchères. Les belles sœurs et beaux-frères voient là une superbe occasion de s’en mettre plein les poches et malheureusement des abus sont de plus en plus constatés au fil des années. C’est au regard de tout ceci en plus d’une conception « civilisée » du mariage que la dot s’est vue interdire sur toute l’étendue du territoire ivoirien et ainsi « sera puni d’un emprisonnement de six mois à deux ans et d’une amende double de la valeur des promesses agréées ou des choses reçues ou demandées, sans que ladite amende puisse être inférieure à 50000 francs, quiconque aura, en violation des dispositions de l’article précédent, soit directement, soit par personne interposée, que le mariage ait eu lieu ou non : sollicité ou agréé des offres ou promesses de dot, sollicité ou reçu une dot ; usé d’offres ou de promesses de dot ou cédé à des sollicitations tendant au versement d’une dot. Sera puni des peines portées à l’article précédent, quiconque, agissant comme intermédiaire, aura participé à la réalisation des infractions prévues audit article ». C’est donc à cela que s’expose toute personne qui est mêlée de près ou de loin à cette affaire de dot, autant dire que nous sommes tous des hors la loi en substance, puisque chacun de nous est intervenu d’une manière ou d’une autre dans une dot. Mais tout cela, combien sont-ils qui le savent ? La dot est de plus en plus célébrée depuis un certain temps, une recrudescence que l’on peut attribuer aux réseaux sociaux car ces cérémonies sont allègrement médiatisées à l’aide d’images aussi belles les unes que les autres qui sont publiées sur les comptes Facebook et autres suscitant ainsi l’envie. Les nouveaux ‘’dotés’’ acquièrent momentanément une certaine popularité dans leur entourage et reçoivent des ‘’like’’ et des félicitations en cascade. L’on est tenté de se demander si les gens ne font pas la dot plus par effet de mode que par souci de pérenniser leur tradition car pendant cette cérémonie, les mariés se parent de bijoux, de belles tenues traditionnelles et paraissent sous leur plus beau jour. Toutefois, il faut noter que la dot est, en Afrique une étape indispensable avant les mariages civils et religieux, l’interdire purement et simplement est une grave erreur un tort que l’on fait à la culture africaine. Il vaut mieux la réglementer pour éviter les abus et prévoir si possible un statut légal pour les personnes ayant fait la dot.

Guillaume BALEIR. Afrik Iroko Tv

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